Comme sous un grand soleil est un recueil de textes et de dessins inspiré par la vie de Catarina Francesca Cognetta, prostituée lilloise, qui a exercé de 40 à 83 ans. Truculente, ambivalente, parfois naïve et souvent émouvante Cathy affirme avoir eu trois destins. Ce sont ces vies que nous avons voulu raconter.

Dessins et textes apostrophent ou murmurent tour à tour : le cruel, l’absurde, les coups du géant, la petite robe rouge des débuts, le ventre de la putain-pour-vivre, les poupées russes, les clients impossibles, la quête d’amour et le nid de serpents…

La maquette que nous venons d’achever est un aperçu encore brut, l’idéal sera de donner une belle harmonie à l’ensemble; textes, mise en page, dessins, typo…

textes: Virginie Jouannet / dessins: Jasmine Le Nozach

Extraits:

C’est le plus vieux métier du monde, à ce qu’on dit. Vieux comment ? Combien de mille ans ? Ça fout le vertige à se pencher au dessus du vide pour regarder toutes ces femmes qui font la pute depuis le début du monde. Combien de femmes ? (…)

Pute. Je disparais sous le mot. Avalée. Prostituée. Fille de joie. Tu parles ! Joie de rien, joie pour rire au dehors et pleurer en dedans, joie fabriquée, imitée. Joie qui meurt sous le drap rouge et l’amour avec.

Les femmes me regardent, les autres je veux dire, celles qui peuvent marcher sans rouler des hanches, porter des jupes courtes sans honte, sourire sans intention. Celles qui quand elles rient sont joyeuses. Innocentes. L’envie me ronge. C’est leur innocence, leur ignorance que je veux pour moi, juste un peu, le temps de respirer.

Ma robe rouge me dénonce.

Les femmes m’avisent et leur regard me cloue. Putain. Fille de rien. Grue. Catin. Traînée. Fille de petite vertu. Tapineuse, racoleuse, roulure. Ça rime avec ordure et j’ai beau faire je me sens sale. En croix, au pilori, clouée, désignée. Je pense au Grand Corps blanc qui dort dans les églises. À la putain qui lui lava les pieds.

Catarina Francesca Cognetta.

13 réflexions sur “Comme sous un grand soleil…

  1. Frissons… le 23 mars quand j’ai la chance que tu te dévoiles en me confiant ces pages à lire, à tourner, à vibrer…
    Frissons, là, ce 12 avril quand de nouveau je lis tes mots… Comment le vitriol se glisse-t-il dans du velours…? Comment du coton abrite-t-il de l’acide ?…
    Par la magie de Virginie !
    Bravo à toi et également à la dessinatrice qui croque à merveille cette Femme, Cathy, que je n’ai guère la chance de connaître ou même d’avoir croisée mais qui je n’en doute pas, verra son destin (ses destins ?!) mis en lumière grâce à toi, à vous.
    MILLE BISOUS et oui, qu’un éditeur ait l’audace de se saisir de « Comme sous un grand soleil… »
    Béné

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    1. un commentaire de ma Lectrice privilégiée, celle des débuts, celle qui lit mes filigranes… Touchée, envolée!

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  2. Il faudrait trop de mots pas assez justes pour dire ces choses là ! Parfois, nous les touchons d’un doigt propre ou figuré mais cela ne suffit pas…et le talent joue sa partition créative.
    Ce récit va voir le jour pour contrecarrer le destin de Cathy.
    Les Editions des Femmes me semblent toutes indiquées.
    Bravo les filles ; les 3 s’entend…

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    1. Merci, Corinne!

      J’ai envoyé un message aux Éditions des Femmes, justement…(et Cathy te plairait infiniment, j’en suis sûre)!

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  3. Bonjour
    Mes parents ont bien connus Cathy et ils cherchent un exemplaire de votre recueil. Il n’est pas disponible au Furet du Nord et à la FNAC. Avez vous encore des exemplaires à vendre ?

    Cordialement

    Marie Cappelle Dillies
    0682412822

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  4. C’est vraiment dommage… Merci de votre réponse, pourriez-vous nous le faire savoir si un jour vous trouvez un éditeur?
    Bien cordialement,

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  5. bonjour j’ai connu catherine sa soeur christiane habitait juste la maison a cote de chez moi je l’aimais beaucoup elle avait le coeur sur la main je sais qu’elle avait eu une vie mouvemente et qu’elle a beaucoup souffert je recherche votre livre mais je ne le trouve nul part. pouriez vous m’aider merci

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