Ecrire….

joie-9dde4

Écrire… Écrire c’est accepter l’étrangeté d’aller du pinacle à la cave sans transition, parfois encore entrer dans une période bénie où la fluidité existe. Il n’y a pas de règle, en tout cas moi je ne l’ai pas trouvée, je ne la cherche plus.

On peut toujours biaiser, essayer les rituels, se fabriquer un «pousse-écriture», des ruses, on peut même se contraindre (cadre, horaire, nombre de pages) mais il y a là dedans une part qui échappe à toute maîtrise, une liberté qui ne se contraint pas, comme un cheval sauvage, au mieux peut-on l’apprivoiser un instant sans avoir jamais de certitudes…

Écrire demande du courage, et le courage vient du mot cœur, pas du cerveau, cette idée me plait décidément!
Plus j’écris plus je mesure que le cerveau peut être un sacré frein au talent si on le prend pour autre chose qu’un outil.
L’écriture ne naît pas de nos techniques, acquis, procédés, ficelles, combines, il ne suffit pas d’un plan malin et d’un papier millimétré. Pas de dogme ni de théorème aride. Pas de recette non plus. Je ne dis pas de tout virer, non, la technique peut servir, sans elle on divague dans le n’importe quoi, mais c’est une étape, une à dépasser, sinon on n’est pas dans l’écriture mais dans le plan de carrière, l’imitation, la projection et la recette d’un pseudo soufflé qui risque fort de retomber au premier vent.

Écrire, peut-être, c’est trouver un point d’équilibre le temps qu’il faut, avant un nouveau basculement.
C’est entrer en territoire mouvant, c’est accepter d’être un débutant à chaque recommencement (surtout éviter la parodie, celle des autres ou plus subtile, l’auto parodie, un piège à paresse) c’est l’éternel désir qui vous pousse vers l’inconnu et l’inconnu n’est guère confortable. On doute, on est seul, et libre… cette fameuse liberté qu’on révère et qu’on fuit, car être libre c’est renoncer aux repères, aux lauriers, au convenances et aux habitudes. Une façon de vivre, ou d’apprendre à vivre.

Il y a autant de chemins que d’écrivains, autant d’aventures que de livres, un mystère… C’est l’idée de liberté, finalement, qui console mes écorchures quand je bute sur une impasse. Et je repars encore une fois.

Dessin de Fereydoun Badkoube